L’open source a le vent en poupe ! Les entreprises de l’Union européenne auraient en effet investi près d’un milliard d’euros en 2018 pour un impact économique estimé entre 65 et 95 milliards d’euros.
Résultat : d’ici 2022, plus de 70 % des nouvelles applications internes seront développées sur une base de données open source. Retour sur ce nouveau champ des possibles avec Jérôme Jutteau, Senior Software Developer Team Lead au sein de 3DS OUTSCALE.
La tendance n’est pas près de s’inverser. Non seulement les entreprises consomment de plus en plus de ressources « ouvertes », mais elles n’hésitent plus également à contribuer à des projets collectifs. À la clé : la capacité à accélérer leur stratégie d’innovation et à dynamiser leur compétitivité. Pour 88,3 % des entreprises françaises, les principes clés de l’open source contribuent ainsi à préserver la souveraineté numérique de la France et de l’Europe. Toutefois, alors que le marché de l’open source affiche désormais une maturité certaine, ⅔ des dirigeants estiment que les administrations n’encouragent pas suffisamment les logiciels libres et les formats ouverts !
Pourtant les avantages liés à l’open source ne manquent pas. À l’heure où les budgets IT sont plutôt à la baisse, 68 % des entreprises font de la réduction des coûts et du temps de développement son atout n°1. Parmi les autres bénéfices : une collaboration efficiente, l’acquisition de nouvelles compétences, la qualité du code, la création d’une communauté et un haut niveau de sécurité. La maturité évolue au sein des entreprises qui, désormais, souhaitent dépasser le stade de la simple utilisation et devenir motrices dans le développement de logiciels open source.
Logiciel libre VS open source
Si l’open source semble aujourd’hui inévitable et même indispensable, c’est parce que le concept offre un certain nombre de libertés, synonymes de compétitivité, d’opportunités business, de sécurité et de transparence. Attention toutefois de ne pas confondre open source et logiciel libre. Ainsi, le logiciel libre tel que décrit par la Free Software Foundation, repose sur des licences dont l’utilisation est définie par quatre niveaux de libertés :
- Liberté 0 : pouvoir utiliser le logiciel, pour quelque usage que ce soit ;
- Liberté 1 : pouvoir étudier le fonctionnement du programme et l’adapter à vos propres besoins ;
- Liberté 2 : pouvoir redistribuer des copies à tout le monde ;
- Liberté 3 : pouvoir améliorer le programme et publier vos améliorations.
Ainsi, selon Richard Stallman, informaticien américain qui a lancé le mouvement du logiciel libre en 1983, la différence entre logiciel libre et open source réside dans leur philosophie : « L’open source est une méthodologie de développement, le logiciel libre est un mouvement social ».
Transformer la façon de collaborer des entreprises
Pour les entreprises, l’open source est la garantie de disposer d’une grande liberté de modifier, d’exploiter et de revendre un logiciel selon leurs besoins. Mais c’est aussi le gage de bénéficier du soutien de toute une communauté, au-delà de la société éditrice d’origine, et de trouver du soutien auprès de plusieurs sociétés de services lorsqu’elles ne disposent pas des compétences internes. Concrètement, cette mutualisation des efforts de développement autour d’un besoin commun ouvre la porte à des perspectives business quasi infinies, à l’image d’OpenStack, projet de Cloud open source né de la collaboration entre la NASA et Rackspace Hosting. Son objectif : permettre à toute organisation de créer et d’offrir des services de Cloud computing en utilisant du matériel standard.
« Réutiliser des briques logicielles existantes est aujourd’hui une nécessité pour créer de la valeur. Dans le cas contraire, les entreprises se verraient contraintes d’investir beaucoup de temps et d’argent dans le développement de briques propriétaires, prenant ainsi le risque de perdre en efficacité et en compétitivité du fait d’un time-to-market moins performant », analyse Jérôme Jutteau.
Un plus en matière de sécurité
Contrairement à certaines idées reçues, les logiciels open source ne sont donc pas plus « ouverts » aux risques de sécurité. Au contraire ! Ils sont parfois mieux protégés que certains logiciels propriétaires dans le sens où des milliers de développeurs sont capables d’auditer la solution pour détecter d’éventuelles failles et les corriger. Pour l’utilisateur final, « l’open source est un garant de la transparence », comme l’a rappelé Henri d’Agrain, Délégué général du Cigref lors de l’Open CIO Summit 2021.
Il garantit ainsi l’absence de malwares et le comportement « sain » de l’application téléchargée : aucune exfiltration de données, absence de statistiques d’usage cachées, pas de mineur de cryptomonnaies, protection contre l’espionnage… Un fait non négligeable face à la recrudescence de logiciels infectieux sur le marché. En septembre 2021, 10 millions de smartphones Android ont ainsi été infectés par le cheval de Troie GriftHorse contenu dans pas moins de 200 applications mobiles.
« C’est pourquoi, chez 3DS OUTSCALE, nous tenons à être transparents sur l’outillage que l’on fournit et qui est exécuté chez nos clients. Le code source ouvert faisant alors office de preuve », explique Jérôme Jutteau.
Autre atout : l’open source participe pleinement à l’économie circulaire. Les exemples en la matière ne manquent pas, à commencer par la fondation Emmaüs qui recycle d’anciens appareils (ordinateurs, smartphones…) en réinstallant un système d’exploitation libre, gratuit et peu gourmand en ressources. Ou également le projet Yunohost qui permet de faciliter l’auto-hébergement de services libres par soi-même, sur un simple ordinateur de bureau comme sur un serveur Cloud.
L’avenir est à l’open source
Aujourd’hui, l’open source est omniprésent. De plus en plus de sociétés similaires à Hashicorp ou Gitlab se créent sur la base d’un service de support autour d’un logiciel libre prisé. Une approche partagée en interne par les équipes de 3DS OUTSCALE qui contribuent à l’écosystème open source avec notamment des projets comme Terraform, Kubernetes et Packer, mais aussi cURL et surtout QEMU où elles ont fait des contributions importantes. De plus, les équipes utilisent également des briques open source pour développer leur orchestrateur Cloud TINA OS (l’orchestrateur n’étant pas un produit open source lui-même afin de garder une maîtrise complète et d’assurer fiabilité et sécurité aux systèmes critiques des opérateurs d’importance vitale et de l’État).
« Nous croyons en la collaboration des entreprises autour de besoins communs. C’est pourquoi nous avons adopté une approche open source systématique concernant nos solutions client. Le fait de partager le code source favorise une forme de distribution saine des outils avec nos clients. Nous offrons la possibilité d’audit de sécurité par un organisme tiers, mais ils peuvent également échanger et suggérer des contributions avec nos développeurs. Pour eux, c’est un vrai gain de temps pour utiliser nos services le plus rapidement possible sans avoir à entamer des démarches administratives chronophages », conclut Jérôme Jutteau.